VIVRE AUX ECLATS | Résidence Thiers | 171 avenue Thiers | 69006 Lyon

Les clowns de VIVRE AUX ECLATS en résidence artistique

du 6 au 10 janvier 2025 à l’Auditorium de Chaponost

« Parce que l’équipe grossit, que chacun arrive avec son histoire, ses habitudes, sa boîte à outils, et parce que plus on est nombreux (18 clown-e-s), plus il faut prendre le temps pour s’écouter, se parler, se comprendre, il est primordial de se demander comment faire corps, comment se donner les moyens de fabriquer du langage commun alors que chaque clown-e est un monde en soi.
Cette résidence artistique, c’était ça : un espace pour partager ce qu’on sait, pour explorer ce qu’on ne sait pas encore, et pour chercher, ensemble. S’approprier des situations qui remontent du terrain, les revisiter à plusieurs, voir ce que chaque duo peut en tirer, comment ça résonne pour le groupe. L’idée, c’était d’ouvrir le travail, d’y mettre toutes les têtes et toutes les sensibilités, et de voir comment cette recherche partagée continue à construire l’équipe artistique de VIVRE AUX ECLATS.
Je souhaitais qu’on continue à travailler autour de la relation avec des publics dits empêchés, de ceux qu’on croise dans nos interventions : les enfants qui ne disent presque rien, les adultes qu’on n’entend plus, les vieux qui ont déjà tout vu et qui sont déjà partis. Comment s’accrocher à leur silence, à leur immobilité, comment entrer en relation là où il n’y a parfois rien ? Chercher la brèche, s’y faufiler, s’y engouffrer. 
Je souhaitais également nourrir le duo clownesque, cette drôle de mécanique entre sensible et démesure, oscillation entre intime et spectaculaire. Travailler sur ce qui fait qu’un duo se rencontre, qu’il joue, qu’il puisse résonner ensemble … et bien sûr l’accordage à soi, outil indispensable pour travailler avec l’autre en complicité, tout en assumant sa propre singularité. Enfin, et dans la continuité de ce qui est engagé depuis plusieurs années, cette attention au son et à la musique qui soutient nos modes d’interaction autour du non verbal.
Pour nourrir ce travail, Carole Devillers et Grégory Escolin, deux clowns de l’équipe, ont été invités à intervenir en demi groupe pour partager leur maîtrise d’approche de publics spécifiques. Leur intérêt pour la transmission en faisait des interlocuteurs précieux. Samuel Camus, également clown dans l’équipe, s’est lui aussi prêté au partage des compétences en transmettant des bases de beatbox et autres sons de bouches.
Carole a travaillé sur la relation avec les enfants polyhandicapés. Comment s’approcher ? Comment écouter leurs gestes, leurs sons, leurs presque-riens ? Comment le clown peut-il leur donner du corps, et comment, en duo, on peut donner un sens – même fantaisiste – à ces toutes petites expressions ? Et surtout, Carole a insisté sur ce qui comptait vraiment : laisser l’enfant mener le jeu, lui donner, pour une fois, tout le pouvoir.
Grégory, avec ce qu’il tisse et met en place à l’EHPAD La Colline de la Soie autour du projet Fugues et Facéties, a proposé à l’équipe de travailler à partir du rien : un geste, un souffle, un regard. Chercher la brèche, s’y engouffrer et tenter de faire naître un moment de rencontre, sensible, vivant, voire de fantaisie. Comment oser les stimuli pour observer les réactions des résidents et rebondir de ce qui émerge ?
Grégory a aussi abordé le rapport maître-serviteur dans le duo clownesque au service de la relation.
Cette semaine a permis de tisser des liens, de mutualiser des savoirs et de poser des jalons pour une recherche collective vivante, base d’un collectif qui évolue, et d’une équipe qui ne se contente pas d’être ensemble, mais qui joue, cherche, et vit ensemble. »

Johan Lescop, directeur artistique de VIVRE AUX ECLATS

Nous avons demandé à Carole Devillers et Grégory Escolin de nous faire part de leur expérience de transmission à l’équipe :


« Depuis 25 ans les clowns de VIVRE AUX ECLATS jouent avec des enfants polyhandicapés. Le travail avec ce public est particulier. Il nécessite des outils spécifiques que j’ai tenté de mettre en lumière pour les partager avec mes collègues dont certains sont tout neufs !
D’une part, la rencontre avec ces enfants nécessite une approche sensorielle. Si les clowns donnent toujours généreusement à voir et à entendre, le sens du toucher quant à lui n’est pas toujours investi ni exploité de manière clownesque. J’ai donc proposé des expérimentations et des pistes de recherche autour d’un toucher relationnel et ludique. 
D’autre part, ces enfants ont peu de moyens d’expression et d’action, ils sont donc souvent objets de soins et d’attention, mais les clowns peuvent les rendre sujets acteurs de la relation en étant attentifs aux moindres petites expressions et en improvisant à partir de celles-ci. Si les clowns sont encore plus vulnérables que les enfants, ces derniers pourront même sortir vainqueurs du jeu ! C’est cette capacité à donner le pouvoir que nous avons entraînée lors de jeux et de mises en situations.
C’était stimulant de partager au sein de l’équipe des découvertes et des questionnements, car c’est ce qui rend notre pratique toujours créative. Et j’ai été heureuse de sentir que cet esprit de recherche commune avait un côté fédérateur en favorisant l’implication de chacun. »

Carole Devillers, artiste-clowne et fondatrice de VIVRE AUX ECLATS

« Notre équipe s’agrandit avec des nouveaux nez, de la jeunesse, de la vie, bref du sang neuf ! Cela fait du bien et ça amène une énergie folle. Mais c’est aussi l’occasion de réaliser tout ce que nous avons intégré dans notre jeu en milieu de soins, tous les outils, les savoir-faire, les petits secrets…
Transmettre ce savoir-faire est aussi passionnant que le mettre en jeu. Lors de notre dernière résidence, j’ai eu la chance de m’y frotter. Du sensible à la démesure ! Vaste programme. 
Dans un premier atelier, nous avons cherché dans des jeux de rôles à « partir du rien » pour laisser émerger un jeu au plus proche de l’état du résident. Développer un jeu sensible, à l’écoute du moindre signe, de la moindre réaction. C’est aussi l’occasion d’expérimenter le fait de se mettre dans la peau d’un résident ou d’un patient et de ressentir l’approche des clowns.
Dans un deuxième atelier, nous avons expérimenté les rapports de pouvoir entre les clowns qui sont un ressort de jeu incroyable. La situation ici est plutôt d’assumer le show dans un espace de vie commun. Un clown vient chanter une chanson de tout son cœur, il est accompagné par son disciple qui est censé connaitre la chanson et fait du mieux qu’il peut pour suivre. L’accident arrive vite et les rires aussi…
Même si j’avais une petite appréhension au départ, quel plaisir de voir l’équipe s’engager pleinement et avec curiosité dans les propositions. Le partage est riche, tout le monde avance ensemble et les liens qui nous sont si chers se tissent avec force dans l’équipe. »

Grégory Escolin, artiste-clown de VIVRE AUX ECLATS

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